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Podcast - Jeux Olympiques MELBOURNE 1956

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Pour cette première édition dans l’hémisphère Sud, le CIO l’organisa logiquement en décembre vu que c’est l’été là bas. Pas de chance, cet été 1956 fut caniculaire et terrible pour les organismes de tous les athlètes. Enfin presque tous. En raison d’une restriction sanitaire très stricte, les chevaux des compétitions d’équitation ne furent pas autorisés à fouler le sol australien. Par conséquent, les épreuves équestres se tinrent à Stockholm en juin et c’est la première et unique fois que toutes les épreuves ne se déroulent pas dans le même pays, ni au même moment.

Les premiers boycotts des Jeux Olympiques

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Les années 1950 furent une période assez tendue d’un point de vue diplomatique et géopolitique. Chamboulées par la Seconde Guerre Mondiale, par la Guerre Froide à laquelle s’adonnent américains et soviétiques, mais également par les nombreuses luttes d’influence régionales entre différents pays du monde, les relations internationales ont eu pas mal de conséquences sur le déroulement des Jeux Olympiques lors de la deuxième moitié du XXème siècle.

Ces Jeux de Melbourne en sont un parfait exemple. C’est en fait la première fois que la politique s’invite au cours de ces Jeux, si l’on excepte l’édition de Berlin où personne n’a voulu voir la propagande organisée par les nazis. Cette édition de 1956 fut en tout cas la première marquée par le boycott de plusieurs pays utilisant alors les compétitions pour manifester leur position politique.

 

La République populaire de Chine pour commencer, refuse de participer en raison de la présence de la République de Chine, qu’on appelle Taiwan aujourd’hui. C’est assez compliqué mais en gros à cette époque et jusqu’au début des années 90, le gouvernement de Taiwan, appuyé par les Américains revendiquaient sa souveraineté sur l’ensemble de la Chine. Sauf que le gouvernement de la Chine, et son dirigeant Mao revendiquaient aussi la souveraineté sur ces deux territoires. A priori ils devaient pas bouffer ensemble tous les dimanches et du coup pour montrer qu’il était pas content, Mao refusa d’envoyer des athlètes aux JO.

Tout comme l’Egypte, le Liban et l’Irak. Alors eux c’est à cause du rôle des français et des britanniques pendant la crise de Suez qu’ils refusèrent de participer. Ce canal permettant le passage de la Mer Méditerranée à la Mer Noire et donc de rallier l’Europe à l’Asie sans contourner l’Afrique fut nationalisé par le président égyptien Nasser, ce qui provoqua une contre-attaque menée par les Français, britanniques et israëliens pour en reprendre le contrôle. Face à cette alliance, les Egyptiens et leurs voisins libanais et irakiens firent le choix de ne pas participer non plus aux JO.

Les derniers pays à boycotter furent l’Espagne, les Pays-Bas et la Suisse. Alors oui moi aussi ça m’a étonné de voir que la Suisse prenait partie dans quelque chose. Mais pour le coup, c’était plutôt pour la bonne cause puisque c’était pour protester contre la répression sanglante du soulèvement de Budapest par l’URSS qui envahit la capitale hongroise avec les chars de l’Armée Rouge.

En tout cas, ces boycotts, ça provoque chez moi un profond dilemme et j’aimerais beaucoup avoir votre avis là-dessus. Faut-il boycotter les Jeux Olympiques. D’un côté, c’est vrai que le geste est fort et peut avoir une vraie incidence diplomatique, médiatique ou autres. De l’autre côté, est-ce qu’il est logique de sanctionner des athlètes qui eux, n’ont rien demandé, se préparent souvent toute une vie pour assister à ces compétitions ? Le président du CIO de l’époque, Avery Brundage le rappela d’ailleurs : « Les Jeux Olympiques sont des compétitions entre athlètes, non entre nations ». Honnêtement j’ai vraiment du mal à me faire une opinion là-dessus.

Le bain de sang de Melbourne

En plus d’avoir provoqué le boycott de 3 pays, l’insurrection de Budapest contre les politiques soviétiques mises en place en Hongrie et la répression sanglante de l’Armée Rouge qui suivit eut une conséquence encore plus directe. En demi-finale de water-polo, la Hongrie et l’URSS se retrouvèrent pour une place en finale lors d’un match forcément particulier. Avant le match, à peu près tout le monde s’attend à une bataille à la vie à la mort entre les deux équipes favorites du tournoi remontées comme des coucous vu la situation diplomatique des deux pays. Pour bien comprendre la tension de ce match, on va refaire un peu d’histoire.

 

En octobre, une manifestation d’abord étudiante contre le gouvernement en place éclate en Hongrie. Lassés d’être esclave du régime soviétique, la population hongroise rallie massivement ce mouvement et parvient en quelques jours à remplacer le gouvernement communiste par un autre, démocratique et à quitter le pacte de Varsovie. Krouchtchov, à la tête de l’URSS depuis la mort de Staline 3 ans plus tôt répliqua militairement, envoyant des chars dans la capitale hongroise pour récupérer le contrôle du pays. Quasiment 100.000 Hongrois furent condamnés, emprisonnés et certains même exécutés.

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Quelques jours avant le match, les sportifs hongrois ont remplacé le drapeau communiste hongrois par celui de la Hongrie libre dans le village olympique. Du coup on comprend que cette demi-finale revêt alors une importance bien plus grande qu’un simple match de water-polo. Ça sent la poudre comme on dit. Dès les premières secondes, les contacts sont rudes entre les acteurs, les coups bas fusent jusqu’à ce que tout explose.

 

Le Soviétique Valentin Prokopov asséna alors un violent coup de tête à son adversaire Ervin Zador, déjà auteur de deux buts. Les deux équipes en viennent alors aux mains dans une bagarre générale si violente que l’eau du bassin serait devenue rouge. Ce bain de sang de Melbourne comme on l’appelle désormais dût être arrêté par la police australienne évitant de peu le lynchage de l’équipe soviétique par les spectateurs, acquis à la cause hongroise. Le match sera arrêté, la Hongrie déclarée vainqueur ira chercher la médaille d’or quelques jours plus tard tandis que l’URSS devra se contenter du Bronze.

Alain Mimoun, Français, et enfin au sommet

Bon tout ça c’est pas très Coubertin. Cependant, quelques signes d’unité furent quand même montrés au cours de cette Olympiade à commencer par la délégation allemande. Contrairement à l’édition de 1952, la RDA rejoignit les couleurs de la RFA pour participer sous le même drapeau, avec les 3 bandes noir, rouge et or et les 5 anneaux olympiques. L’hymne de cette délégation olympique allemande fut l’hymne à la joie de Beethoven qui ajouta un peu de douceur dans ce monde de brutes.

La cérémonie de clôture vit également une nouveauté puisque tous les athlètes défilèrent ensemble alors qu’ils étaient jusque là répartis par nation.

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La belle histoire de ces Jeux, elle est française. Vous vous souvenez d’Emil Zatopek dont je vous ai parlé dans mon précédent podcast ? Il gagnait à peu près tout sur 5000m 10000m et marathon. Ce que je ne vous ai pas dit c’est que la plupart du temps, pour ne pas dire à chaque fois, il s’imposait devant le Français Alain Mimoun. Médaillé d’argent à Londres et à Helsinki sur 5000 et 10000m le Français parvint à atteindre son rêve au cours de cette olympiade australienne. Né en 1921 en Algérie Française, dans le département de Oran « JAMEL », il décide de s’installer en France métropolitaine avant sa majorité souhaitant garantir son intégration et sa citoyenneté française.

Mobilisé pour la Seconde Guerre Mondiale durant laquelle il sera envoyé à la frontière belge, il débute la course à pied suite à la débâcle de l’Armée Française dans le département de l’Ain où il est ensuite assigné. Très vite, il est repéré par les clubs locaux et commencent très vite à remporter de nombreuses courses. Seulement, la guerre continue, il est envoyé en Italie pour combattre l’armée de Mussolini et échappe d’extrême à l’amputation d’une jambe, touchée par un éclat d’obus. Soigné, il participera ensuite au débarquement de Provence et restera dans l’Armée jusqu’à la Libération.

Dominant outrageusement le demi-fond en France, il bute cependant constamment sur Zatopek. Malgré cela, les deux hommes deviennent de très bons amis. Mais rien à faire, le tchécoslovaque semble constamment meilleur que le Français. Avant les Jeux de 1956, Mimoun décide d’abattre sa dernière carte en participant au marathon pour espérer prendre enfin le dessus sur son ami et rival. Peu de gens croient en ces chances. Âgé de 36 ans, on se dit alors que s’il avait dû battre Zatopek, il l’aurait déjà fait depuis longtemps. Lui-même n’est pas convaincu de sa victoire puisqu’il déclara avant la course « vous savez je ne promets rien, je ferai simplement le maximum pour aller jusqu’au bout ». Je crois que cette phrase résume à merveille qui était Alain Mimoun. Un homme simple, passionné, humble, gentil, bref, bien loin des sprinters qui montrent les muscles à la caméra aujourd’hui.

Le défi qui se dresse face à lui est immense. Disputé sous la canicule australienne de plus de 36 degrés, le marathon olympique promet d’être dantesque. Comme prévu, c’est une véritable course par élimination qui s’effectua. Un à un, les coureurs réduisirent leur allure, exténués par cette chaleur inhumaine. Dès la mi-course, Mimoun se retrouve seul en tête mais, contrairement à aujourd’hui n’a pas d’informations sur l’avance dont il dispose par rapport à ses poursuivants. A un moment, il les aperçoit et se rend compte qu’ils sont assez loin. Surtout, il constate que Zatopek est encore plus loin et qu’il n’a pas sa forme habituelle. Luttant avec ses dernières forces, porté par la foule australienne il aperçut enfin le mât du stade Olympique où les 120000 spectateurs l’attendaient pour l’acclamer. Il franchit la ligne et attendit son ami Zatopek qui ne se classa que 6ème. A son arrivée, le Tchécoslovaque comprit que son ami venait de lui succéder au palmarès du marathon olympique. Il lui fit un salut militaire avant de l’enlacer et de lui déclarer le plus simplement du monde : "Je suis heureux pour toi Alain".

C’est la dernière fois que les deux hommes s’aligneront sur la même course et c’est la première fois que Mimoun terminera devant Zatopek. Accueilli en héros à l’aéroport d’Orly à son retour en France par une foule considérable, Mimoun marqua à jamais l’histoire de l’athlétisme français étant, encore à ce jour et sans doute pour longtemps, le dernier vainqueur sur marathon.

C’est une ère profondément politique que traverse les Jeux Olympiques durant cette période d’après-guerre. Même la canicule australienne ne parvint pas à réchauffer la Guerre Froide qui se déroule jusque dans les compétitions. Pour la première fois, l’URSS prit le dessus sur les Etats-Unis au classement des médailles dominant toujours autant les épreuves de gymnastique. Malgré le sacre de Mimoun, la France continue de descendre au classement se contentant de 4 titres et d’une 11ème place mondiale. Pour la prochaine édition, on reviendra en Europe, à Rome pour être précis pour une édition toujours aussi remplie d’anecdotes.

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