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Podcast - Jeux Olympiques LOS ANGELES 1984

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C’est en Californie que je vous emmène aujourd’hui. Los Angeles, ses plages, son soleil et pour ce qui nous intéresse ses Jeux Olympiques de 1984. Pour la première fois depuis qu’une élection de la ville hôte a été institutionnalisée par le CIO, une seule se porta candidate. Refroidies par les difficultés politiques rencontrées à Mexico en 1968, par la prise d’otages de Munich 4 ans plus tard et enfin par la catastrophe financière des Jeux de Montréal 1976, les rares autres candidatures furent finalement retirées et Los Angeles obtint facilement l’organisation de cette 23ème Olympiade. 

Cette édition marqua logiquement le retour aux compétitions des Etats-Unis et de leurs alliés ayant boycotté l’édition moscovite de 1980. Sauf que, patatra, cette fois-ci c’est le Bloc de l’Est qui décide à son tour de boycotter cette olympiade disputée en terre ennemie.

Boycott communiste et organisation capitaliste

Comme on pouvait s’y attendre, l’URSS, la RDA, mais également 13 autres pays refusèrent l’invitation du CIO. Cette décision peut trouver plusieurs explications. Pour la version officielle défendue par le dirigent soviétique Tchernenko, c’est une volonté de ne pas servir l’instrumentalisation que les USA et leur Président Reagan souhaite faire de l’événement. Pour les journalistes américains, c’est une simple vengeance personnelle du gouvernement soviétique en réponse au boycott américain 4 ans plus tôt à Moscou. Une autre version est venue plus tard de Grigory Rodchenko. Ancien directeur de l’agence anti-dopage russe, il est devenu célèbre lorsque le scandale du dopage d’état russe a éclaté il y a quelques années. Vous pouvez d’ailleurs aller voir à ce sujet le film Icare, disponible sur Netflix, qui nous plonge dans les coulisses de ce scandale au plus près de Rodchenko. Après avoir fui aux Etats-Unis, il a révélé les méthodes de l’état russe pour doper ses athlètes et les couvrir lors des contrôles qu’ils subissaient. En plus de cela, il a affirmé que le boycott soviétique de 1984 était justement dû aux nombreux contrôles anti-dopage que les athlètes participant allaient subir et qui auraient, selon lui, laissé éclater au grand jour la généralisation du dopage dans les rangs soviétiques et est-allemands.

 

Que ce soit pour l’une ou l’autre raison, on peut d’ailleurs légitimement penser que c’était un peu des trois, c’est une édition amputée de deux des nations dominantes qui démarra le 28 juillet au Stade Olympique de Los Angeles devant 92000 spectateurs ébahis par une cérémonie d’ouverture digne des plus grandes productions d’Hollywood. Une ovation toute particulière fut réservée à la Chine, la Yougoslavie et la Roumanie qui, bien que communistes, refusèrent de s’aligner sur la position soviétique. Une réaction assez ironique à l’échelle de l’histoire…

 

Comme je vous l’ai dit en intro, de nombreuses villes craignaient l’impact économique de l’organisation des Jeux. Los Angeles inaugura un tout nouveau système de financement qui fit basculer les JO dans une nouvelle ère, celle du sponsoring. En effet, pour la première fois, aucun fond public ne fut nécessaire à l’organisation de ces Jeux assurée à 100% par différents acteurs privés. Ainsi, les droits télévisés furent largement revus à la hausse, le nombre de sponsors explosa, et très peu de nouvelles infrastructures furent construites puisque seuls le vélodrome et la piscine olympique sortirent de terre, tous deux financés à 100% par une marque complètement en accord avec les valeurs du sport, j’ai nommé McDonald’s.

Cette stratégie aura pour effet de dégager un bénéfice de 150 millions de dollars, ce qui reste aujourd’hui encore un record de rendement financier. Cette réussite incitera le CIO à intensifier sa politique marketing, en donnant notamment le droit à ses partenaires d’utiliser les emblèmes des Jeux Olympiques.

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L'explosion de Carl Lewis, légende du sprint

Bon et niveau sportif ! Cette édition fut marquée par la nouvelle victoire sans surprise et sans contestation possible des Etats-Unis au basket, aussi chez les femmes que chez les hommes. C’est surtout la première fois que le Monde vit un certain Michael Jordan, âgé de seulement 21 ans et n’ayant pas encore foulé les parquets NBA, s’illustrer. Je ne m’étends pas trop sur le sujet parce que je vous parlerai de la Team USA de basket très prochainement.

 

Une autre star américaine a marqué ces Jeux de son empreinte, le sprinter Carl Lewis. Carl Lewis, pour moi il fait partie de ces noms que j’ai toujours entendu, dont j’ai pu voir quelques images mais que je n’ai jamais connues. Un peu comme un McEnroe en tennis, un Maradona en foot, ou, puisqu’on en parlait, un Michael Jordan en basket, j’ai raté de peu leur carrière. Bon je dois dire aussi qu’à mes yeux, il fait aussi partie de ces sportifs qui ont évolué à une époque où le dopage était, comme je vous l’ai dit dans mon dernier épisode, omniprésent, notamment entre les USA et l’URSS mais qui, bien qu’il n’ait jamais été contrôlé positif ou en tout cas suspendu pour dopage.

 

Carl Lewis, c’est en tout cas le symbole de la génération américaine qui a régné sur le sprint mondial des années 80 aux années 2000 jusqu’à l’arrivée d’Usain Bolt. Ces sprinters bodybuildés, au boulard aussi gros que leurs pectoraux saillants qui empilaient les titres et les records à ne plus savoir quoi en faire.

Né dans l’Alabama, Lewis grandit dans une famille de sportifs. Sa mère notamment fut sélectionnée plusieurs fois pour les Jeux Panaméricains. Ses frères et sœurs s’illustrent également sur les pistes d’athlétisme et dans les catégories jeune, sont même tous plus brillants et prometteurs que lui. Cependant, le jeune Carl progresse rapidement. A son arrivée au lycée, il se spécialise dans le saut en longueur et s’impose très vite comme une référence dans son pays et, du coup dans le monde, tant les Etats-Unis dominent alors cette discipline. Petit à petit, il se découvre aussi un talent immense de sprinter. Sur 100 et 200m il n’a rapidement que très peu de rivaux. A seulement 18 ans, il parvient à se qualifier dans l’équipe américaine pour les Jeux de Moscou sur le saut en longueur et le 4x100m, mais ne pourra y participer du fait du boycott décidé par son pays.

En 1983, un an avant l’ouverture des JO de Los Angeles, Carl Lewis illumine les Mondiaux d’athlétisme d’Helsinki. Engagé sur le 100m, le saut en longueur et le 4x100m, il s’impose sur ces trois compétitions établissant en finale un record du Monde avec ses copains du relai. Sa première participation aux Jeux, dans un stade totalement acquis à sa cause est plus attendu que jamais. A dire vrai, beaucoup d’observateurs le comparent à Jesse Owens, quadruple champion Olympique à Berlin que Carl a eu la chance de rencontrer dans sa jeunesse. Et ça tombe bien, il s’aligne sur les 4 mêmes disciplines que l’idole de son père, bien décidé à égaler son record établi en 1936.

La première épreuve au menu ressemble plus à un plat de résistance qu’à une mise en bouche puisque c’est le 100m, l’épreuve reine des Jeux qui est la première au programme. Lewis ne va faire qu’une bouchée des 7 autres finalistes en s’imposant avec 2 dixièmes d’avance sur son dauphin, un monde à ce niveau de la compétition.

Il en sera de même sur les 3 autres épreuves puisqu’il survolera le 200m et le saut en longueur avant de battre, une nouvelle fois, le record du monde du 4x100m avec ses coéquipiers américains. Carl Lewis déclencha tout au long de ses exploits la liesse du public de Los Angeles et redonna ses lettres de noblesse au sprint américain qui courait après un titre Olympique sur 100 ou 200m depuis les Jeux de 1968 et la victoire, notamment, de Tommie Smith à Mexico.

Cette Olympiade lança une décennie de domination pour Carl Lewis qui impressionna tout le monde par sa longévité au plus haut niveau. Si on s’attarde sur son palmarès, le natif de l’Alabama fait partie du gratin Olympique, tous sports confondus. En 4 Olympiades, il remporta 10 médailles dont 9 en or, ce qui le plaçait alors en première position des sportifs les plus titrés, au côté de Mark Spitz, Laryssa Latynina ou encore Paavo Nurmi. La plus effarante de ses performances, il la réalisa sur le saut en longueur, son premier amour, où il remporta l’or Olympique 4 éditions consécutives de Los Angeles 1984 à Atlanta 1996 en passant par Séoul et Barcelone. Ce qui est encore plus fort, c’est qu’il ne réservait pas sa domination aux Jeux Olympiques. Toujours sur le saut en longueur, il resta invaincu pendant plus de 10 ans, entre 1981 et 1991, remportant chacun des 65 concours auxquels il prit part.

Vous l’aurez compris, Carl Lewis c’était un glouton de la gagne, un requin qui régnait dans les eaux de l’athlétisme mondial. Malheureusement, sa carrière reste entachée de soupçons de dopage. Sa morphologie ultra-musclée, le fait que certains de ses principaux rivaux se soient fait rattraper par la patrouille et, surtout, le rapport révélé par des journalistes en 2003 contenant des preuves qu’il s’était fait contrôler 3 fois positif avant les Jeux 1988 sont autant de points qui font douter de la propreté de ces performances, qui restent, dans ce contexte de dopage un peu généralisé, exceptionnelles.

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Gabriela Andersen-Shchiess, loin du podium mais championne des Jeux

Toujours en athlétisme, mais à l’opposé de ce que peut représenter Carl Lewis, se trouve Gabriela Andersen-Schiess, marathonienne. Encore du marathon ? C’est vrai que j’en parle dans quasiment tous mes épisodes. Mais la grande différence aujourd’hui, c’est que c’est de marathon féminin que je vais vous parler ! Pourquoi je ne l’avais jamais fait avant ? Tout simplement parce que c’est cette année-là que le premier marathon féminin se déroula aux JO, les femmes n’ayant jusque là aucune épreuve supérieure à 1500m à se mettre sous la dent.

Gabriela Andersen-Schiess, c’est une Suissesse, coureuse de fond depuis sa tendre enfance et qui est âgée alors de 39 ans. Après une carrière très longue, l’arrivée du marathon aux JO est pour elle une sorte d’apothéose lui donnant l’occasion de s’exprimer sur sa distance sur la plus belle scène sportive du Monde. Elle est, comme toutes les participantes, heureuse de s’aligner sur la ligne de départ et n’a, à ce moment là, que très peu de chances de gagner ou même de monter sur le podium. D’autant que la météo est loin d’être clémente. Les 32 degrés mesurés en plein cœur de l’été californien risquent, elle le sait, de la faire souffrir. Dès les premiers hectomètres, la chaleur et l’humidité rendent la course terrible pour Gabriela et pour la plupart des participantes. C’est même un véritable combat qu’elles vont mener tout au long de la course pour résister à cette chaleur, avec pour premier objectif de terminer la course afin de montrer aux yeux du Monde entier la légitimité des femmes à courir sur cette distance, quelles que soient les conditions. Preuve de cette détermination qui habite alors toutes les marathoniennes, seulement 6 d’entre elles sur 50 au départ abandonneront la course, soit 12%, tandis que côté masculin, dans une course disputée dans des conditions climatiques similaires, 29 sur 107 engagés, soit 27% des engagés ne termineront pas la course. Un joli pied-de-nez aux machos.

Parmi ces courageuses, il y a donc notre Suissesse Gabriela Andersen-Schiess. Alors que la vainqueur américaine Joan Benoit a franchi la ligne depuis quasiment une demi-heure, elle entrevoit de son côté, tout juste le stade Olympique où l’arrivée est donnée. Portée par les encouragements de la foule et par sa volonté à toute épreuve, elle lutte, mètre après mètre pour rallier cette ligne d’arrivée. Obligée de marcher tant la souffrance est profonde, elle entre enfin dans le stade, sous l’ovation du public qui attend une à une ces héroïnes des temps modernes. Il ne lui reste alors qu’un tour de piste à effectuer. Ces derniers 400m seront les plus longs de toute sa vie. Alors qu’elle avait tenté de relancer l’allure pour effectuer en courant son dernier tour, elle est soudainement saisie par la chaleur, se fige.

 

Son corps semble désarticulé, ses jambes ne lui répondent plus. Mais elle refuse de s’arrêter. Complètement épuisée et déshydratée, une seule idée ressort de ses yeux pourtant plus du tout lucides, la volonté insubmersible de rester debout et de passer cette ligne d’arrivée qui lui tend les bras après quasiment 2h50 de souffrance. Le public du stade devint son meilleur allié. Impressionné par cette détermination sans faille, il l’encourage tout au long de son dernier tour qu’elle effectue quasiment escorté par des médecins de l’organisation qui craignaient qu’elle ne s’effondre sur la piste. Après quasiment 4 minutes passée sur ce dernier tour, elle parvint à franchir cette ligne, en titubant, sous l’ovation sincère et admirative des 92000 spectateurs du stade Olympique.

Je vous mettrai le lien de la vidéo sur mon site Internet si vous souhaitez voir ce finish incroyable. Je vous le dis, j’ai failli pleurer en voyant ces images, tant on sent que la Suissesse est allée puiser au plus profond de ses ressources pour atteindre le but de sa vie. Elle ne fut jamais championne Olympique mais restera, à jamais, une championne des Jeux.

Marquée par le boycott des pays du bloc de l’Est, cette édition de Los Angeles réserva tout de même de beaux exploits sportifs. Ils lancèrent également une nouvelle ère, celle de la médiatisation, du sponsoring qui amèneront peu à peu à la professionnalisation des sportifs et des sportives de haut niveau. La délégation française commence elle petit à petit à sortir la tête de l’eau en remportant 28 médailles dont 5 titres mais reste bloquée à la 12ème place au classement des médailles, remportés de très loin par les Etats-Unis. L’édition suivante se déroulera à Séoul en 1988 et sera marquée par le retour des pays du bloc de l’Est pour une édition quasiment sans boycott.

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